Publié dans Séries cultes

Six Feet Under, la célébration de la vie

Six Feet Under affiche

Le quotidien d’une famille d’entrepreneurs de pompes funèbres à Los Angeles qui voit son existence bouleversée après un drame. Humour noir, légèreté du cadre dramatique et profondeur des personnages définissent la série créée par Alan Ball. Centré autour des quatre personnages de la famille Fisher, Six Feet Under pose la mort comme sujet central qui n’est en fait qu’un prétexte à une question très simple : que faire de sa vie en attendant la mort certaine ?

La mort au quotidien

Chacun des 63 épisodes de cette série de 5 saisons s’ouvre sur la mort d’un personnage. Ces morts sont tantôt burlesques, originales, comiques ou tristes et certaines sont même inoubliables. La mort rythme ainsi le quotidien de la famille Fisher qui se voit frappée par la mort du père Nathaniel Fisher (le brillant Richard Jenkins) dès le premier épisode de la série. Cette mort entraîne de nombreux bouleversements. L’entreprise est reprise par les deux employés, David Fisher (l’incroyable Michael C. Hall alias Dexter), Federico Diaz (Freddy Rodriguez), et le frère aîné Nate Fisher (Peter Krause), parti s’exiler à Seattle et souhaitant à tout prix fuir cet environnement morbide.

La mort fait ainsi partie du quotidien des Fisher, ils ont appris à vivre avec et s’en sont accoutumés. La mort de Nathaniel Fisher laisse une famille à l’abandon avec une fille cadette en plein adolescence (Claire Fisher) et une épouse totalement déboussolée (Ruth Fisher). Toutes ces morts posent ainsi la question du deuil qui est l’un des fils directeurs de la série. Car là ou certaines morts prêtent à sourire et sont clairement désacralisées, le deuil lui est toujours présenté comme un passage difficile et nécessaire. La famille Fisher va donc devoir se reconstruire à travers ce deuil, et Alan Ball nous invite par le prisme de la mort du patriarche de la famille à étudier la reconstruction et l’affirmation de chacun des personnages de la série.

L’humanité dans toute sa complexité

L’humain est au cœur de cette série. 5 saisons durant, on va suivre le destin des quatre personnages de cette famille, leurs progrès, l’évolution de leurs sentiments, leurs différents échecs et réussites et aussi l’évolution de leur relation. Ainsi, Six Feet Under traite des sujets qui concernent tout un chacun, que ce soit l’amour, la vie professionnelle, le sexe, le mensonge, la tromperie, la famille ou bien l’homosexualité. Là où Les Soprano était une série qui se concentrait sur le fort intérieur d’un être humain et sa psychanalyse, Six Feet Under traite des événements de la vie quotidienne et à quel point les chemins que nous empruntons dépendent uniquement de nos actes et de nos décisions.

La série tourne ainsi essentiellement autour du destin de Nate Fisher, le frère ainé d’une trentaine d’années, séducteur dans l’âme qui s’éprend d’emblée de celle qui représente pour moi le meilleur personnage de la série, Brenda Chenowith (Rachel Griffiths). En apparence sûr de lui, Nate se révèle être quelqu’un d’une profonde complexité, tiraillé entre sa culpabilité de n’avoir rien fait de sa vie et sa volonté d’être satisfait sentimentalement et professionnellement. Son petit frère David Fisher nous apparaît au premier abord comme un jeune homme coincé, homosexuel refoulé, dont l’évolution est aussi fascinante que grandiose tant la question de l’affirmation de soi est posée par ce personnage. Claire Fisher (Lauren Ambrose) adolescente rebelle et sanguine et artiste instable, se pose quant à elle de nombreuses questions sur son avenir. Enfin, Ruth Fisher (Frances Conroy) mère de famille qui s’est occupé de ses enfants toute sa vie, aspire à la liberté.

La famille Fisher paraît dès lors si parfaite dans ses imperfections entre colère, non-dit, incertitudes et peines. L’addition de tous ses profils permet à Six Feet Under de brosser un portrait complet de ce qu’est la vie d’un Homme au XXIème siècle, de l’adolescence à la vieillesse.

Rien ne vaut la vie

La mort peut arriver à n’importe quel moment et bouleverser la vie de nombreuses personnes. Six Feet Under montre combien la vie est précieuse mais aussi semée d’embûches et révèle la vraie nature de l’homme. Tous les personnages empruntent des chemins différents qui font que leur vie est unique et ne cesse d’évoluer au fil du temps. David Fisher montre comme il est important d’affirmer sa vraie identité et ne pas avoir peur du regard des autres pour être heureux.

Les multiples personnages qui composent cette fresque sur la vie offre tous des leçons de vie aux téléspectateurs à travers leur parcours et la gestion de leur sentiment et leur désir. A chaque épisode, la série prend comme prétexte l’étude des personnages pour se révéler comme un miroir authentique sur la condition humaine en plus d’une réflexion sur la vie. Alan Ball filme la vie de tous ces protagonistes pour nous rendre, nous spectateurs, plus conscient de la nôtre.

La mort est un sujet traité à moultes reprises au cinéma, à la frontière de la tristesse de l’horreur, des regrets et des remords. Mais quel est son impact sur la vie ? Six Feet Under ne se veut pas une série arrogante qui aurait réponse à tous les questionnements divers et variés sur la vie, mais elle offre des clés de réflexion. Elle saisit pleinement l’essence de l’existence humaine à travers le parcours de chacun de ses personnages. Elle amène le spectateur à se questionner sur l’ensemble de ses actes, de ses sentiments, mais aussi et surtout sur la vie qu’il est actuellement en train de mener.

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