Publié dans Films en salle

The Father, le récit bouleversant de la dégénérescence de la mémoire d’un homme

Adapté de la pièce de théâtre du même nom de Florian Zeller, The Father est un huis clos poignant qui nous plonge dans la tête d’Anthony, ancien ingénieur de 81 ans, père de deux filles, brillamment interprété par le grand Anthony Hopkins, primé pour l’occasion meilleur acteur aux Oscars. Un dédale mental angoissant qui, pour le coup, marquera bien nos mémoires de spectateur…

The Father relate avec brio l’histoire d’Anthony, qui perd de jour en jour sa mémoire et voit sa réalité devenir de plus en plus intangible et perdant toute notion du temps ainsi que celle de sa fille Anne, frappée de plein fouet par la maladie de son père et par la nécessité d’admettre que celui-ci ne redeviendra plus jamais comme avant. 1h38 de voyage dans un esprit disparate et nébuleux duquel on ne ressort pas indemne.

Le déclin d’un homme enfermé dans les méandres de son esprit

Si Anthony se présente d’abord au monde extérieur comme un homme caustique et rempli d’humour, il n’en est finalement pas moins effrayé par la tragédie qui le frappe : sa tombée brutale dans la démence. S’il tente de se convaincre au fil des scènes que ce n’est pas lui qui est fou mais les personnes alentours, Anthony ne peut néanmoins s’empêcher de perdre pied face à une réalité qui devient de plus en plus vacillante. Une réalité également déroutante pour le spectateur qui voit via le prisme des yeux du personnage principal des visages qui changent et des histoires de vie qui sont tantôt vraies tantôt fausses. Plus qu’une œuvre qui nous présente la tangibilité de la maladie d’Alzheimer, The Father nous y immisce via une esquisse visuelle et sonore.

Une mise en scène ingénieuse qui renforce l’enfermement vécu par Anthony

Sublimé et rendu tristement tragique grâce aux notes de violon de Ludovico Einaudi qui viennent ponctuer chaque constat du déclin d’Anthony, The Father est également un bijou du fait de sa mise en scène astucieuse, qui nous plonge pleinement dans la prison mémorielle du protagoniste principal. Les décors se meuvent au fil du processus d’agonie mentale d’Anthony, le temps se délite jusqu’à perdre tout sens… L’espace-temps et visuel est imprécis et désorienté, au même titre que la mémoire d’Anthony. On se demande au fil des scènes si l’on perd en lucidité, si ce que nous voyons à l’écran se passe vraiment et nous fait nous enfoncer avec le personnage principal dans une aliénation prenante et bouleversante. On tente au fil du film de reconstituer le puzzle scénique pour y voir plus clair jusqu’à parvenir à un final inéluctable et déchirant.

Pour son premier passage derrière la caméra, Florian Zeller signe un drame impeccable et émouvant à l’atmosphère pesante. Anthony Hopkins est bluffant et continue de nous surprendre malgré les années qui passent. Le réalisateur ne tombe jamais dans le larmoyant et se montre d’une justesse incroyable pour relater au mieux la déliquescence d’un homme, ravagé par les années qui passent. Le plus beau film qu’il nous a été donné de voir cette année.

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