Publié dans Films en salle

Un homme en colère, un film d’action dopé à la testostérone qui manque de saveurs

Après son excellent polar so british de gangsters loufoques The Gentlemen (2020), le retour de Guy Ritchie au box-office était largement attendu par le public. 16 ans après la dernière collaboration entre l’inusable Jason Statham et le réalisateur, les retrouvailles entre les deux compères s’avèrent être en demi-teinte, avec un film au scénario léger et prévisible, qui ne rappelle en aucun cas l’univers habituellement extravagant de Ritchie. Une exploration vers des horizons plus sombres qui peine malheureusement à convaincre.

Patrick Hill, surnommé « H », se fait recruter par une entreprise de convoyeurs de fonds (Fortico Security) mise à mal par la récente tragédie qui a vu deux de ses agents mourir lors d’une mission. Mystérieux et froid, le personnage principal ne fait pas l’unanimité lors de son arrivée auprès de ses collègues jusqu’à ce qu’il surprenne tout le monde par ses aptitudes exceptionnelles.

Des personnages qui manquent de profondeur et de caractère

Si Jason Statham fait ce qu’il sait faire de mieux en revêtant les habits du personnage ultra testostéroné et habile à la bagarre, il ne parvient pas à trouver l’affection du public, à cause de la distance et du manque de sentiment qu’il met dans le jeu de son personnage. Flegmatique poussé à l’extrême, la compréhension des ressentis de H est compliquée et le rend particulièrement détaché et inhumain. S’il a soif de vengeance, ce dernier ne semble jamais tressaillir face à la mort ou des souvenirs douloureux. Son détachement vis-à-vis des événements qui sillonnent sa vie est trop exagéré et nous empêche de ressentir le traumatisme vécu par ce personnage a priori meurtri. Scott Eastwood ne crève pas l’écran dans son rôle de jeune rival playboy aux allures de flambeur, dont la soif d’argent le pousse à commettre des actions insensées, qui n’ont pas lieu d’être. Un cliché du beau gosse méchant qui veut se faire la malle et la jouer solo pour ramener le jackpot, dont les initiatives sont prévisibles à souhait. Bref, Guy Ritchie, très inspiré pour créer des personnages haut en couleurs aux facettes multiples à l’accoutumée, nous déçoit malheureusement sur ce film.

Une temporalité destructurée « ritchienne » qui donne de la teneur et du suspense à un film d’action classique

Le réalisateur trouve néanmoins son salut dans sa construction non linéaire sans pour autant être quintessencié. Fonctionnant à base de flashbacks nous expliquant au fur et à mesure l’intrigue, on ne peut pas dire qu’Un Homme en colère ne nous saisit pas. Le suspense est bien mené alors même que l’on pourrait se désintéresser tant l’intrigue est cousue de fil blanc. Le fait que le film ne soit pas chronologique le sauve de tomber dans le banal blockbuster d’action hollywoodien en offrant des rebondissements plutôt bien amenés. Guy Ritchie ne signe pas le film d’action du siècle comme vous l’aurez compris mais fait le job et divertira les plus aficionados du genre.

Si Un homme en colère n’avait pas été signé Guy Ritchie, nous aurions sans doute été moins ardus dans nos propos, mais le réalisateur avait mis la barre très haute avec ses dernières réalisations. On est déçus de ne pas retrouver sa patte habituelle qui fait la subtilité et la force de ses œuvres d’ordinaire. Néanmoins, le film n’est pas mauvais mais est manichéen à souhait. De quoi se distraire le temps d’une soirée sans prises de tête.

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