Publié dans Films en salle

5ème set : un portrait sans lifting des revers de la vie de sportif professionnel mal classé

Au lendemain de la 19ème victoire en Grand Chelem de Novak Djokovic, 5ème Set arrive à point nommé dans les salles obscures pour mettre en lumière les sportifs professionnels qui triment mais ne trouvent jamais de réelle postérité dans leur sport. Une vie de sacrifices et de frustration permanentes que Quentin Reynaud dépeint avec les honneurs, porté par le jeu illustre d’un Alex Lutz plus à fleur de peau que jamais.

Thomas Edison (Alex Lutz) est un joueur de tennis français âgé de 38 ans, promis à son plus jeune âge à une immense carrière. Pourtant, à 17 ans, son ascension s’arrête net à cause d’une défaite en demi-finale de Roland Garros, qui le traumatisera perpétuellement par la suite. Depuis lors, Thomas truste les fonds de classement et peine à trouver une renommée dans son sport. Mais celui-ci ne se résigne pas et continue de croire en ses chances de pouvoir gagner un grand tournoi. Assoiffé de reconnaissance, il se lance alors corps et âme dans un pari audacieux qui est celui de se qualifier pour Roland Garros.

Un homme incompris qui n’a de cesse de décevoir

Sur l’entièreté du film, Thomas apparaît comme un homme très entouré par sa famille, mais qui reste finalement toujours mis à l’épreuve par chacun de ses membres. Tantôt subissant les déceptions d’une mère possessive et acerbe à son égard, tantôt celle de sa femme lassée d’un mari qui persiste dans une voie ne pouvant déboucher que sur l’échec, le personnage central, en plus de devoir faire face aux différents pépins physiques qui jalonnent sa vie de sportif, se retrouve perpétuellement confronté à son égoïsme aveuglant. Si le drame de sa vie se résume principalement en ses déboires sportifs, il s’en joue également un d’une toute autre nature sous nos yeux de spectateurs durant les presque 2h de film : celui d’un homme détruit psychologiquement qui risque à terme de se voir abandonné par ses proches. Alors que Thomas Edison nous apparaît au début de l’œuvre comme un homme attachant ébranlé par ses défaites, il glisse dangereusement vers la figure d’un homme déshumanisé, autolâtre et déconnecté de la réalité sur la fin. Un croquis sans fard qui dépeint avec sincérité un des grands maux de notre société : l’ego démesuré.

Un scénario parfois frustrant

Si 5ème Set s’avère être une belle surprise, son scénario ne creuse parfois pas suffisamment les brèches qu’il commençait à ouvrir. On est déçu de ne pas en savoir davantage sur l’évolution de la relation entre Thomas et sa femme, Eve, dont on sent les sentiments de haine et d’indifférence s’immiscer dangereusement dans leur couple, au fur et à mesure que Thomas sombre aveuglément dans son égotisme dévorant. Une dispute a priori sérieuse les divise grandement mais reste sans lendemain dans la réalisation de Quentin Reynaud. La fin, quant à elle, nous laisse clairement sur notre faim en laissant le spectateur s’imaginer le scénario qu’il préfère plutôt que de réellement prendre position du destin qu’il choisit de donner à son personnage principal. Si le film dans son ensemble est une prouesse, il déçoit également pour ses quelques longueurs et ses scènes de tennis, qui se révèlent finalement assez pauvres et peu réalistes tant le niveau des acteurs/doublures est friable. 

5ème Set est ambitieux et nous transporte dans son histoire à la fois dramatique et touchante, mais loupe son break à cause de petites fautes intempestives. 5ème Set saura néanmoins vous tenir en haleine et ravira tous les types de spectateurs, qu’ils soient amateurs ou bien néophytes du tennis. On est heureux, on souffre, on retient son souffle au rythme de la vie de Thomas Edison et l’on passe un bon moment, malgré les quelques clichés aux notes de pathos qui gangrènent parfois certaines scènes. Un film tout en sobriété qui nous offre une toile réaliste de la psychologie du sport de haut niveau. A voir.

Laisser un commentaire